Ce moment où l’on redécouvre le plaisir simple de jouer

Il y a quelques semaines, par un dimanche un peu gris, je me suis surpris à ranger un vieux placard du salon. Vous voyez, ce genre de rangement qui n’était pas prévu, mais qui vous aspire pour de bon une fois lancé. Entre deux piles de magazines et quelques souvenirs oubliés, je suis tombé sur une boîte de jeu toute cabossée : un vieux Scrabble, version années 80. Le genre avec les lettres usées, les coins rafistolés et une odeur de carton vieilli qui vous ramène immédiatement dans une autre époque.

J’ai souri. Et surtout, j’ai eu envie d’y rejouer. Pas par nostalgie seulement, mais parce que cette boîte me parlait d’un plaisir trop souvent mis de côté : celui de prendre le temps de jouer avec les mots, sans écran, sans pression.

Les jeux de lettres, bien plus qu’un loisir “intellectuel”

Il y a cette image un peu poussiéreuse des jeux de lettres : des gens sérieux, concentrés, parfois un peu seuls, le dictionnaire à portée de main. Pourtant, dès qu’on s’y plonge, on comprend vite que c’est tout sauf monotone.

Ce qui me fascine, c’est leur capacité à réunir des générations autour d’une même table. Lors de cette fameuse redécouverte du Scrabble, ma fille de 10 ans, pourtant plus habituée aux tablettes qu’aux plateaux en bois, s’est prise au jeu. Et je vous garantis qu’elle n’a pas mis longtemps à comprendre le fonctionnement — ni à tenter des mots farfelus pour grappiller des points.

Ce qui a lancé une discussion amusante sur les mots improbables qui existent réellement. On a même cherché à vérifier certains, comme ce fameux mot commençant par “J” qu’elle avait tenté. Et, pour ne pas rester dans le flou, on a utilisé ce petit site pratique que je garde désormais en favori       👉 voir ici.      L’occasion de découvrir que « jubilatoire » pouvait rapporter gros.

Jouer, c’est aussi raconter une histoire

Il y a un côté très personnel dans la manière dont chacun aborde un jeu de lettres. Certains construisent, d’autres défient. Certains jouent pour gagner, d’autres pour le simple plaisir de faire exister un mot. Et chaque partie devient, à sa façon, une sorte de récit collectif, tissé au fil des lettres posées, des rires, des hésitations.

Je me souviens d’une soirée d’été passée chez des amis dans le Lot. Pas de réseau, pas de wifi. On s’est rabattus sur les jeux oubliés du gîte. Une boîte de lettres magnétiques, des feuilles à carreaux, une lampe un peu faiblarde. Résultat : trois heures de jeu improvisé à inventer des règles, former des phrases absurdes, raconter des histoires avec des mots piochés au hasard. Aucun vainqueur, mais un souvenir gravé. Comme quoi, il suffit de presque rien pour créer un moment suspendu.

Le jeu comme antidote au quotidien trop rapide

On court tous après quelque chose. Le temps, les notifications, les objectifs. Et parfois, ça fait du bien de ralentir, vraiment. Les jeux de lettres permettent cela. Ils imposent un autre rythme. Une respiration.

Quand on cherche un mot, on est obligé de faire le vide autour. De se concentrer. De mobiliser ses souvenirs, ses lectures, ses intuitions. C’est presque méditatif, sans jamais être passif. On réfléchit, on doute, on jubile quand on trouve.

Et ce que j’apprécie aussi, c’est que ce genre de loisir ne demande pas grand-chose : quelques lettres, une feuille, un adversaire — ou pas. C’est le genre d’activité que je glisse dans une valise sans y penser. Que je peux commencer en solo un soir de pluie. Ou proposer à un voisin qu’on connaît à peine.

Parce qu’au fond, jouer avec les mots, c’est renouer avec soi-même… et avec les autres.

 réapprendre à jouer, pour mieux savourer

Depuis cette redécouverte un peu fortuite, je prends le temps, régulièrement, de rejouer. Pas toujours au Scrabble. Parfois à des grilles de mots croisés, parfois à des jeux inventés. Le but n’est jamais de « performer ». C’est plutôt un moment à moi, une échappée douce dans la complexité savoureuse de notre langue.

Et ce qui me plaît surtout, c’est que c’est un loisir à la fois modeste et profond, accessible et stimulant, solitaire ou collectif. Il y a mille façons de s’amuser avec les mots. Il suffit d’en choisir une.

Alors, si vous avez un peu de temps devant vous, je vous propose ce défi tout simple : trouvez un mot avec la lettre “J”, jouez-le à quelqu’un… et observez où cela vous mène.